L’agri-business est la principale motivation de l’initiation de l’approche EMER (Exploitation Modèle Economiquement Rentable) par l’Association de Coopération et de Recherche pour le Développement au Burundi (ACORD Burundi). Il constitue un modèle de développement des exploitants agricoles EMER.

Un exploitant agricole EMER est un agriculteur dynamique, courageux et innovateur, engagé à vaincre la malnutrition et la pauvreté et ayant une vision claire du développement de son exploitation, de sa famille et de sa communauté.

C’est un exploitant professionnel de référence au sein de sa communauté à qui il sert d’exemple (meilleures pratiques agricoles, rendements et productions élevés, rentabilité de l’exploitation) et offre des services (diffusion des innovations, formation, appui-conseil, semences, plaidoirie, etc.)

Des résultats satisfaisants sont déjà atteints dans les provinces d’intervention où l’approche EMER est mise en œuvre. Les exploitants EMER bénéficiaires témoignent:

«Les encadreurs de ACORD Burundi nous ont appris des techniques modernes résilientes au changement climatique (CC) en matière d’aménagement des exploitations et d’intensification des productions agro-sylvo-zootechniques. Des courbes de niveau sont végétalisées avec des herbes et arbustes agro-fourragers ainsi que des plants et arbres agro-forestiers (y compris des arbres fruitiers et des plants de bananiers de variétés très productives en champs pleins ou en système de lutte anti-érosive). Tout ce matériel végétal planté dans le cadre des dispsitifs anti-érosifs sert dans la protection des terres et l’alimentation du bétail et des hommes. ACORD Burundi nous a formés également sur les techniques modernes de production des cultures préférées par les exploitants EMER sur base de leurs rendements, rentabilité économique et adaptation au Changement Climatique. Grace aux animaux d’élevage reçus, nous avons appris comment mettre en place des compostières améliorées pour produire plus de fumier organique de bonne qualité. En plus de ça, ACORD  Burundi nous a facilité l’accès aux plants et semences sélectionnés qui nous permettent d’avoir plus de production par rapport aux autres», indique Frédéric Niyongabire, un exploitant EMER de la colline Kaguhu, commune Giheta, Province de Gitega.

«Si je regarde dans ma localité, mon champs de haricot aura plus de productions par rapport aux autres. J’y pratique de la culture de haricot volubile sur une superficie de 60 ares avec l’usage des méthodes culturales modernes. La croissance pourra probablement arriver jusqu’à 10 m de hauteur. Nous attendons une production assez importante: d’après ce qu’on nous a informé sur la variété cultivée, on peut produire environ 100 kg par are si toutes les bonnes conditions sont réunies» ajoute Mr. Niyongabire.

«Nous avons appris comment savoir si nos exploitations sont rentables ou pas et qu’elles doivent être comme des entreprises économiques. Pour cela, il faut d’abord connaitre la qualité et l’étendue des terres cultivables et évaluer les besoins matériels, humains et financiers. Au cours des saisons, nous avons appris comment remplir quotidiennement le livre journal ou des fiches journalières d’EMER toutes les entrées et sorties et plus particulièrement les dépenses y compris le nombre de travailleurs journaliers, temporels et permanents, le calcul de leurs salaires, le prix de leur ration alimentaire de façon claire et détaillée ».

A la fin de chaque saison, nous évaluons la valeur monétaire des productions consommées et celles utilisées pour des fins sociales ainsi que le total des produits vendus. En tenant compte des frais d’amortissements et d’entretien des outils et équipements, nous parvenons à déduire les marges bénéficiaires des saisons et partant de l’année agricole entière; explique-t-il. 

Frédéric Niyongabire trouve qu’avec le renforcement des capacités et l’accompagnement par ACORD, leurs exploitations sont devenues rentables grâce à une agriculture qui passe déjà de l’agriculture de substance à une agriculture de marché.

Les femmes chefs de ménages sont également concernées par l’approche EMER. L’une d’entre elles s’appelle Christine Nkundwanabake, de la colline Musama, commune Giheta, Province de Gitega.

«ACORD m’a formée sur la protection du sol par le traçage des courbes de niveaux et leur végétalisation avec des herbes et arbustes fourragers y compris le Calliandra. On m’a formée aussi sur les techniques culturales modernes des cultures adaptées plus productives de bananier, de maïs, de haricot et de différentes sortes de cultures maraichères. Je ne suis plus dans l’ignorance, mon exploitation est modèle et mes voisins viennent apprendre  chez moi. Dans  mon champ de maïs par exemple,  j’ai appliqué de la fumure organique issue de mon étable. Au niveau du premier sarclage, j’ai payé une somme de 30 mille, le deuxième sarclage a aussi coûté 30 mille, la fumure a coûté une somme de 45 mille francs bu. Avant cela, le cout de labour  et celui des 20 kg de semences de maïs semées sur une superficie d’un hectare et demi. J’ai utilisé du matériel aratoire existant.

J’attends une production de plus de 2 tonnes de graines de maïs d’une valeur de plus d'un million de francs burundais. Voilà, tous ces calculs et informations que je vous donne sont l’effet des formations reçues dans le cadre de la mise en œuvre de l’approche EMER. J’en suis très fière. Vous voyez que je suis maintenant capable d’évaluer la rentabilité de ma culture de maïs.» martèle Christine Nkundwanabake.  

Dans une commune de la même province Gitega, Monsieur Déo Nduwimana, de la colline Cishwa de la commune Bugendana est aussi très satisfait des effets et impacts de l’approche EMER:  

«Nous avons appris des méthodes agroécologiques qui favorisent la production de bananes, une des spéculations agricoles trouvée très rentable par les exploitants EMER. Nous pratiquons des modèles agricoles résilients au changement climatique et qui garantissent la souveraineté alimentaire. Une autre chose est que nous sommes parvenus à cultiver toutes les terres jadis inexploitées grâce aux différentes techniques d’intégration agro-sylvo-zootechniques que nous avons apprises. L’approche EMER produit des résultats importants. En plus de l’augmentation des rendements et productions, elle nous permet  d’évaluer correctement la rentabilité de nos exploitations sur base des surplus commercialisables. Pour cela, nous sommes passés à l’agriculture de marché. Tout cela est le fruit de l’approche EMER que nous avons apprise grâce à ACORD» affirme Déo Nduwimana.

Grace à cette approche, la province de Gitega a été classée quatrième province la plus productrice de banane en l’an 2018 derrière les provinces de Ngozi, Ruyigi et Karusi comme l’indique un rapport de la FAO intitulé« Evaluation des récoltes, des approvisionnements alimentaires pour la saison 2018b et de la mise en place de la saison 2018c ». Pour la même année, le taux de rentabilité moyen pour la banane a été de 283% dans cette province.

Quant aux autres cultures, le Burundi est actuellement en train de devenir un des plus grands producteurs de maïs dans la sous-région. Ainsi, il se vérifie que la mise en œuvre de l’approche EMER constitue une réponse, essentiellement endogène des paysans burundais à la raréfaction croissante des terres. La double productivité du bananier et du maïs grâce à cette approche est d’une importance capitale pour la protection des sols et le maintien du capital « fertilité du sol » et de rentabilité des exploitations.